Читаем без скачивания Французский язык с Альбером Камю - Albert Сamus
Шрифт:
Интервал:
Закладка:
64. La petite femme automatique était aussi coupable que la Parisienne que Masson avait épousée ou que Marie qui avait envie que je l'épouse. Qu'importait que Raymond fût mon copain autant que Céleste qui valait mieux que lui? Qu'importait que Marie donnât aujourd'hui sa bouche à un nouveau Meursault? Comprenait-il donc, ce condamné, et que du fond de mon avenir...
65. J'étouffais en criant tout ceci (я задыхался, выкрикивая все это). Mais, déjà, on m'arrachait l'aumônier des mains et les gardiens me menaçaient (но у меня уже вырывали священника из рук, и охранники мне грозили). Lui, cependant, les a calmés et m'a regardé un moment en silence (он однако их успокоил и посмотрел на меня с минуту молча). Il avait les yeux pleins de larmes (у него были глаза, полные слез). Il s'est détourné et il a disparu (он отвернулся и исчез; disparaître).
65. J'étouffais en criant tout ceci. Mais, déjà, on m'arrachait l'aumônier des mains et les gardiens me menaçaient. Lui, cependant, les a calmés et m'a regardé un moment en silence. Il avait les yeux pleins de larmes. Il s'est détourné et il a disparu.
66. Lui parti, j'ai retrouvé le calme (с его уходом я вновь обрел спокойствие). J'étais épuisé et je me suis jeté sur ma couchette (я был измотан и бросился на свою койку). Je crois que j'ai dormi parce que je me suis réveillé avec des étoiles sur le visage (я полагаю, что я заснул, потому что я пробудился со звездами на лице). Des bruits de campagne montaient jusqu'à moi (звуки сельской местности доносились до меня). Des odeurs de nuit, de terre et de sel rafraîchissaient mes tempes (запахи ночи, земли и соли освежали мои виски; fraîche — свежий).
66. Lui parti, j'ai retrouvé le calme. J'étais épuisé et je me suis jeté sur ma couchette. Je crois que j'ai dormi parce que je me suis réveillé avec des étoiles sur le visage. Des bruits de campagne montaient jusqu'à moi. Des odeurs de nuit, de terre et de sel rafraîchissaient mes tempes.
67. La merveilleuse paix de cet été endormi entrait en moi comme une marée (чудесный покой этого уснувшего лета вошел в меня, как прилив). A ce moment, et à la limite de la nuit, des sirènes ont hurlé (в эту минуту, и на границе ночи, завыли гудки). Elles annonçaient des départs pour un monde qui maintenant m'était à jamais indifférent (они возвещали отбытия (кораблей) в мир, который сейчас мне был навсегда безразличен). Pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai pensé à maman (в первый раз за действительно долгое время я подумал о маме).
67. La merveilleuse paix de cet été endormi entrait en moi comme une marée. A ce moment, et à la limite de la nuit, des sirènes ont hurlé. Elles annonçaient des départs pour un monde qui maintenant m'était à jamais indifférent. Pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai pensé à maman.
68. Il m'a semblé que je comprenais pourquoi à la fin d'une vie elle avait pris un «fiancé» (мне показалось, что я понимаю, почему в конце жизни она завела «жениха»), pourquoi elle avait joué à recommencer (почему она играла в в новое начало). Là-bas, là-bas aussi, autour de cet asile où des vies s'éteignaient, le soir était comme une trêve mélancolique (там, там также, вокруг этого приюта, где жизни угасали, вечер был, словно грустная передышка; là-bas — там). Si près de la mort, maman devait s'y sentir libérée et prête à tout revivre (будучи столь близка к смерти, мама должна была там чувствовать освобожденной и готовой все вновь пережить; revivre — возобновить, вновь пережить, повторить).
68. Il m'a semblé que je comprenais pourquoi à la fin d'une vie elle avait pris un «fiancé», pourquoi elle avait joué à recommencer. Là-bas, là-bas aussi, autour de cet asile où des vies s'éteignaient, le soir était comme une trêve mélancolique. Si près de la mort, maman devait s'y sentir libérée et prête à tout revivre.
69. Personne, personne n'avait le droit de pleurer sur elle (никто, никто не имел права плакать над ней). Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre (и я тоже, я чувствую готовым все вновь пережить). Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles (как если бы этот большой приступ гнева меня очистил от боли, изгнал надежду в присутствии этой ночи, нагруженной знаками и звездами; la colère — гнев; приступ гнева; devant — перед, в присутствии; charger — грузить, перегружать, утяжелять), je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde (я открылся в первый раз для ласкового равнодушия мира).
69. Personne, personne n'avait le droit de pleurer sur elle. Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre. Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde.
70. De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore (чтобы ощутить его настолько подобным мне, наконец, таким братским, я почувствовал, что я был счастлив, и что я и сейчас счастлив). Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution (для того, чтобы все завершилось, для того, чтобы я почувствовал себя менее одиноким; soit — пусть будет, мне остается пожелать, чтобы в день моей казни было много зрителей) et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine (и чтобы они встретили меня криками ненависти; avoir).
70. De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine.